Sting à Mawazine : "Je suis très fier de faire découvrir le raï"...
Le policeman le plus célèbre de la planète, retraité depuis, Sting, à l’image de son dernier album The Last Ship (le dernier navire), en partance depuis sa ville natale, Newcastle, à accosté à Rabat( Maroc). Il était en situation régulière. Un "legal alien". Car hôte du Festival Mawazine-Musiques du Monde se tenant du 29 mai au 6 juin 2015.
Ce vieux loup de mer, s’étant laissé pousser la barbe, n’avait pas besoin d’envoyer un "Message in The Bottle" ou de prêcher dans le désert…rose. Au contraire, en l’espace du succès planétaire fou Desert Rose (Rose de sable), Sting, deviendra un nomade d’une mer de sable, en interprétant le couplet de Cheb Mami, le chanteur de raï algérien, ayant formé le fameux duo, s’il vous plaît, en arabe, et avec en prime, les youyous de sa choriste à délicate voix Jo Lawry. Sting, le matin, avait confié à El Watan que Desert Rose était incontournable dans sa playlist "perso": "j’interprète cette chanson chaque nuit à travers le monde. C’est dire de son importance. Ce soir je vais la chanter. Je vous prie de pardonner ma traduction ou mon accent. Je veux dire bien(rire)."
A propos de sa rencontre avec Cheb Mami, du choix de sa voix et de la musique raï, Sting se souviendra : "J’étais en train d’enregistrer, en 1999, à Paris. Je sortais chaque nuit. Et chaque soir, j’écoutais de la musique nord-africaine. De la musique raï. Et j’ai trouvé cela très excitant. Un son différent. Une sensibilité différente. Et doublée de dance music. Et j’ai rencontré Cheb Mami. Comme vous le savez, il est Algérien. Je lui ai dit: "écoute, j’ai une chanson où je voudrais que tu chantes. Mais je ne lui pas dit quel était le thème ou le sujet de cette chanson. Il ne parlait pas anglais. Moi, mon arabe est inexistant. Alors, il l’a écoutée. Aussi, a-t-il écrit quelques paroles. Et il est revenu vers moi, environ deux semaines plus tard. Il m’a dit : "j’ai quelques lyrics (paroles)". J’ai dit que les aimait. Et puis j’ai demandé à Mami : " de quoi parle tes paroles ?". Il m’a répondu que c’était sur l’absence, le manque, la langueur. Je lui rétorqué : "cela est remarquable. Parce que c’est exactement ce que je chante en anglais dans Desert Rose.". Alors la musique a traduit le même sens pour nous deux. Et ce fut un énorme succès à travers le monde. Ainsi, je me suis senti très fier d’apporter la musique nord-africaine, le raï, à des gens qui peut être ne l’ont pas écoutée avant...".
Egal à lui-même, la voix intacte, 63 ans, sec, bon pied bon œil, jurant avec la gérontologie et filant des complexes au jeunisme, aura été à la hauteur du respect qu’il doit à son auditoire. "Je ne veux pas décevoir les gens qui viennent pour les greatest hits. Sinon, je serai obligé de les rembourser.(rire)".
Le public a été complice avec le "tapage nocturne" de l’ex-policeman en chantant et battant la mesure sur If I Ever Lose My Faith in You, Englishman in New York, Every Little Thing She Does Is Magic, jFields of Gold, Walking on the Moon, Driven to Tears, Message in a Bottle, The Hounds of Winter, Shape of My Heart, Roxanne / Ain't no sunshine, King of Pain, Every Breath You Take ou encore Fragile.
Une playlist unissant les "classics" de Police et les hits de sa carrière solo. Mais c’est avec un titre de Police, Next To You, qu’il fera décoller la scène de l’Olm Souissi. Car l’on dépassera le mur du son en faisant hurler les Marshalls. Et ce, avec les riffs du guitariste, Dominic Miller, entre ska, steady et punk rock rappelant le rythme hypnotique des Sex Pistols.
(c) El Watan