Nîmes : Sting et Shaggy, l’eau et le feu aux arènes...
L’Anglais et le Jamaïcain étaient côte à côte ce mardi 17 juillet au soir aux arènes de Nîmes.
Forcément, ça surprend. L’inconditionnel de Sting, pauvre de lui, n‘est pas préparé à pareil assemblage. Il n’est pas paré à entendre son immortelle Roxanne brutalement coupée à la serpe dancehall, celle du suggestif Boombastic de Shaggy.
L’association déroute. Elle devait durer le temps d’une chanson ; les deux artistes se sont si bien entendus qu’ils ont enregistré tout un album (44/876, sorti au printemps) et que la tournée estivale et européenne de Sting, prévue de longue date et qui vient de faire étape aux arènes ce mardi soir, est finalement devenue celle de Sting et Shaggy. Si le Jamaïcain n’apparaît pas sur l’affiche, surprise, il ne quitte pas la scène un seul instant. Il intervient sur tous les morceaux, offrant parfois aux standards du Britannique, et à ceux de The Police, une inattendue teinte caraïbe.
L’alliance fonctionne bien sur les titres de leur opus commun, dans lequel le duo pioche allégrement (pas moins de huit morceaux joués ce mardi) : forcément, il est fait pour ça. Le rockeur un tantinet rigoriste a sans doute un peu plus de mal quand Oh Carolina (Shaggy) se mêle à We’ll be together (Sting), lorsque l’illustre et sautillant So Lonely (The Police) s’emmêle au méconnu et reggaeïsant Strength of a woman (Shaggy).
Deux voix, pénétrante pour l’Anglais, langoureuse chez l’Antillais, devant une formation musicale somme toute assez réduite (deux guitares, une batterie, un clavier, deux choristes ; Sting assure lui-même la partie rythmique à la basse). L’eau et le feu. Le flegme du premier, de noir vêtu, qui n’a quasiment pas un mot pour cet amphithéâtre bondé où il a ses habitudes. La fougue du second, coloré et chapeauté, qui danse et harangue la foule avec entrain durant deux heures (28 morceaux, tout de même), donnant une chaleur opportune au show. Y compris sur les standards de Sting, Message in a bottle, Walking on the moon, durant lesquels, forcément, la fosse réagit davantage.
Et quand au second rappel, le malin Shaggy s’applique à féliciter le public pour le frais titre mondial des Bleus, ce public qui faisait la ola et chantait "on est les champions" juste avant le concert, il fait tomber pas mal de réserves. Certains sortiront ravis du voyage. L’inconditionnel partira en marmonnant qu’on ne touche pas à sa Roxanne.
(c) Midi Libre by Mathieu Lagouanere