A Montreux, Sting fait le job - Le chanteur anglais s'est produit vendredi dans un Auditorium Stravinski bondé. Un concert plaisant et très pro, mais parfois dénué d'émotion...
Que dire d'un concert de Sting qui a vu Gordon Matthew Thomas Sumner, 67 ans, balancer dans un Auditorium Stravinski plein à craquer vingt-deux titres, dont douze classiques de Police et quelques-uns des ses plus grands tubes (If I Ever Lose My Faith in You, Englishman in New York, If You Love Somebody Set Them Free, Brand New Day, Fragile)? Que l'Anglais a fait le job? Assurément, le chanteur et bassiste a offert à son public ce qu'il était venu chercher. Un show qui ne laisse aucune place à la surprise – même setlist soir après soir, avec des soli (guitare, harmonica) savamment placés ça et là pour rallonger (parfois un peu trop) certains titres – mais célèbre parfaitement sa légende. Sting est de ces artistes qui n'ont pas besoin de se cacher derrière une dispositif scénique multimédia, sa musique se suffit à elle-même.
Vendredi soir à Montreux, il décapsulait d'entrée Message in a Bottle, avant d'embrayer sur If I Ever Lose My Faith in You et Englishman in New York. Il est entouré de cinq musiciens affûtés et deux choristes charismatiques pour une entame de concert qui met d'emblée le Strav' sur orbite. A l'image de son dernier album, My Songs, il revisite son répertoire dans des version parfois légèrement réarrangées. On s'attendait à un son très rock, sec, mais Sting a finalement à cœur de prouver que si le premier album de The Police est sorti en 1978, soit un an après le fondateur Never Mind the Bollocks des Sex Pistols, ses influences sont bien à aller chercher du côté des musiques du monde, du jazz et du blues.
T-shirt bleu foncé moulant, légère barbe, Sting est d'une classe absolue. Il a l'air content d'être de retour à Montreux, pense qu'il s'agit peut-être de son cinquième concert ici – mais en fait non, il en oublie en tout cas deux – et passe habilement de morceaux doucement chaloupés à des titres plus musclés – belles versions de Walking on the Moon et So Lonely, tandis qu'un Roxane mid-tempo ne provoquera finalement pas les frissons attendus. C'est d'ailleurs dans cette absence de frissons que son concert s'avérera en partie déceptif. Le Britannique a fait le job, certes, mais la manière dont il déroule ses morceaux comme un pro rompu à l'exercice empêche d'être traversé par de véritables émotions. On aurait préféré qu'il prenne parfois des risques plutôt que de se contenter de lancer régulièrement des «ooooh oh» repris en chœur par la salle.
(c) Le Temps by Stéphane Gobbo